L'extrême droite en Europe

Article rédigé par César T

Introduction

Entre le 6 et le 9 juin, les citoyens et citoyennes de l’Union Européennes sont appelés à se rendre aux bureaux de vote pour élire leurs représentants et représentantes au Parlement Européens pour les 5 prochaines années. 

L’Union Européenne a réussi là où l’ONU a finalement échoué. À six, à neuf, à douze, à vingt-huit, à vingt-sept, l’Union a fait d’un nombre croissant d’États européens un ensemble régi par des règles de droit, assurant la paix entre ses membres.

 

Cependant, partout en Europe, les partis politiques d’extrême droite de tendances diverses (populistes, nationalistes, néofascistes), ne cessent de progresser et représentent un véritable obstacle aux projets de bien commun et d’unité des peuples mis en avant par l’Union Européenne.

 

 

Qu’est-ce que l’Extrême Droite

 

Lors de son premier grand développement, durant la période de l’Entre-Deux guerres, la pensée d’extrême droite apparait comme une réaction au développement du libéralisme politique et philosophique (multipartisme, suffrage universel masculin, liberté de la presse, etc…).

Mais elle est aussi une réaction à la crise économique de 1929 et à la vague sociale qui suit la Première Guerre mondiale. Baisse de confiance dans les classes dirigeantes, explosion du chômage, mécontentement suite au Traité de Versailles, etc…

 

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, apparait alors une extrême droite italienne qui promeut un État nouveau, aux prérogatives très importantes. Le fascisme est un système politique autoritaire qui associe populisme et nationalisme au nom d’un idéal collectif suprême. Ainsi, cela se traduit par l’écrasement de l’individu et l’effacement des libertés individuelles au profit d’une masse compacte et d’un embrigadement forcé de la jeunesse.

C’est le Fascisme Italien de Benito Mussolini.

 

La deuxième extrême droite, le nazisme allemand, prône et édifie lui aussi un État sur-puissant tout en étant une idéologie de classement des “races“ distinctes et de dimensions de supériorité et d’infériorité. Il s’agit un élément clé de l’idéologie nazie mise en place outre-Rhin par Adolf Hitler. Le nazisme ajoute donc un trait identitaire saisissant le racisme, la Haine de l’Autre et l’antisémitisme.

 

La haine de l’Autre et de la différence sont donc les fils conducteurs historiques de l’Extrême Droite.

 

Par ailleurs, le développement de l’Extrême Droite puise également dans l’accompagnement et la promotion d’un nationalisme fermé, organique, dans le sens où la Nation serait un organe perverti par des maux, internes à la société.

Ainsi, ces maux sont identifiés, considérés comme nuisibles et/ou dangereux, et deviennent des boucs-émissaires. Ces boucs-émissaires sont le fruit d’une haine, elle-même nourrit par la Peur. La peur est intrinsèque à la famille de pensées de l’Extrême Droite.

 

Cependant, depuis les 1980, plusieurs partis d’extrême droite ont opéré un retour en force sur plusieurs scènes politiques nationales en Europe. L’extrême droite d’aujourd’hui axe son discours sur la peur de l’étranger, l’hostilité envers l’UE et un nationalisme ventant une grandeur perdue. Auparavant profondément opposées à l’Union, les formations xénophobes ont tempéré leur hostilité envers l’UE suite au fiasco provoqué par le Brexit outre-Manche et sont moins nombreux à vouloir abandonner la monnaie unique

 

 

L’Extrême Droite au Parlement Européen

 

Actuellement, les extrêmes droites européennes sont divisées en 3 blocs :

 

-       Le groupe des Conservateurs et Réformistes Européens (ECR), comptant 68 députés.

-       Le groupe Identité et Démocratie (ID), comptant 59 députés.

-       Les partis politiques dissidents et sans étiquette, tels que le Fidesz de Viktor Orban (Hongrie) et le Smer de Robert Fico (Slovaquie), comptant 14 députés.

 

Le groupe ECR, de droite radicale, adopte une ligne libérale voire ultra-libérale sur le plan économique et conservatrice sur le plan culturel et sociétal. Les partis membres se rejoignent sur le rejet de l’immigration, de l’écologie et des droits des minorités sexuelles. Ils défendent la vision d’une Europe civilisationnelle, chrétienne et attachée à ses traditions. Se disant eux-mêmes souverainistes, leur hostilité envers l’Europe est plus modérée que celle du groupe Identité et Démocratie.

 

Le groupe Identité et Démocratie, l’extrême droite Européenne, adopte, elle aussi, une ligne conservatrice sur le pan sociétal et culturel. Leur socle idéologique commun est le rejet de l’Union Européenne et de ses institutions, le rejet de l’immigration et l’islamophobie. Ils se revendiquent comme étant des partisans d’une démocratie plus directe. Cependant, plusieurs chercheurs et politologues considèrent que les élus et les élues de ID défendent de manière plus ou moins constante les intérêts de pays étrangers tels que la Russie.

 

Les principaux leaders de ces groupes sont :

 

-       Le PiS, le parti polonais Droit et Justice, qui prône la supériorité des valeurs traditionnelles, nationales et catholiques. Légèrement euro-sceptique, et profondément anti-avortement.

 

-       La Ligue de Mattéo Salvini, prônant jusqu’en 2020, une sortie de l’UE et de l’Euro qu’il qualifiait lui-même de crime contre l’Humanité.

 

-       Le Rassemblement National de Marine Le Pen, dont les fondateurs portaient l’uniforme de la Waffen SS. 

Ce parti maintenant banalisé en France, mélange la haine des juifs et la haine des musulmans. Prônant une sortie de l’Union Européenne jusqu’en 2018, son programme dont le fil rouge reste le national-populisme, convainc entre 30% et 35% des électeurs et électrices en France.  L’un de ses cadres, le député européen Thierry Mariani, disait au sujet de ses collègues de l’AfD, en décembre 2023 : « Je cherche désespérément ces éléments nazis dont vous parlez. Je crois personnellement que l’AfD est en train de faire du ménage, je constate que les responsables de l’AfD que je côtoie dans mon groupe respectent les mêmes principes que moi » (Public Sénat).

 

L’AfD, tronc centrale de la nébuleuse néo-nazie européenne, est un parti renouant avec les racines politiques allemandes, prônant la remigration et l’expulsion définitive “des étrangers, des allemands d’origine étrangère et des citoyens non-assimilés“. On sent ici une inspiration datant d’un passé finalement pas si lointain. Ainsi, selon ses cadres, qui utilisent régulièrement des slogans nazis, les “SS n’étaient pas tous des criminels“…

 

À noter que Marine Le Pen, après avoir travaillé main dans la main avec les néo-nazis allemands pendants plus de 10 ans, a finalement décidé d’exclure l’AfD du groupe ID, fidèle à son objectif de dédiabolisation du parti.

 

Par ailleurs, les nationaux-populistes sont contre l’Union Européenne sauf lorsqu’il s’agit d’obtenir ses subventions, à l’image de Georgia Meloni suite aux catastrophes naturelles dans le Nord de l’Italie, causant plus d’1 milliard d’€ de dégâts, ou encore de l’ex Premier Ministre Polonais Mateusz Morawiecki et du plus douée dans ce jeu-là, le Premier Ministre hongrois Viktor Orban.

 

Cependant, les différents partis d’extrême droite ont souvent voté en ordre dispersé, et ont dû mal faire bloc et à s’entendre. Leur déclaration se contredisent et leur vision de l’Union change sans cesse. Signe de leur cacophonie et de leur incapacité à prendre des décisions rationnelles et concertées sur une période donnée.

 

Les seules fois ou les extrêmes droites ont trouvé un accord, c’est pour voter contre les grandes réformes sociales, progressistes et écologiques. Par exemple, contre le Salaire Minimum Européen, contre la protection du droit à l’IVG, contre la protection des forets européennes, contre la lutte face à l’homophobie, contre le développement des énergies renouvelables, contre la protection de l’indépendance des médias, contre la protection des travailleurs des plates-formes numériques.

 

Les extrêmes droites dans les sondages ?

 

La droite radicale, ECR, attendrait les 12% et deviendrait ainsi la 3e force au Parlement Européen, en passant devant les centristes de Renew, qui eux, planent à 11%.

L’extrême droite, ID, obtiendrait, elle, entre 9 et 10%, et deviendrait la 4e force au Parlement.

Le tout, sans prendre en compte les partis d’extrêmes droite affiliés à aucun groupe, tels que le Fidesz hongrois, la BSW allemande, l’AUR roumaine ou encore le SMER slovaque.

 

En France et en Italie, l’extreme droite est à la limite des 40%. Au Portugal, le score de l’extrême droite est multiplié par 12 tandis qu’en Lettonie, elle double son score.

 

Par ailleurs, on constate que l’extrême droite obtient

 

-       15% ou +  dans 18 pays

-       20% ou + dans 13 pays

-       30% ou + dans 8 pays

-       40% ou + dans 5 pays

 

 

Conclusion

 

On observe également que l’extrême droite est en progression dans 16 des 20 pays présentés.

À l’inverse des partis traditionnels.

En effet, les partis de droite se disloquent, et finissent par trahir leurs promesses et composent avec l’extrême droite. C’est le cas aux Pays-Bas, en Autriche, en Suède, en Italie, en Hongrie etc…

La Droite, le PPE libéral-conservateur, première force politique au Parlement Européen, finira-t-il par se fractionner en centre-droit et en droite dure ? Il l’a déjà fait en excluant de ses rangs les partisans de Viktor Orban et, l’un dans l’autre, ce sera la descendance des Lumières, combattant plume à la main au nom des libertés individuelles, face aux descendants de l’absolutisme, nostalgiques d’une autorité supérieure et d’une grandeur passée, mais appuyées par une lèpre nationaliste et xénophobe.

 

Cependant, ce n’est pour autant que l’Europe est le point d’être submergée par les extrêmes, en une réédition des années 30.

 

En effet, pour peser au niveau institutionnel et politique en Europe, un groupe doit non seulement pouvoir créer des compromis avec d’autres groupes au sein du Parlement européen, mais il doit aussi avoir des relais et des soutiens au sein de la Commission européenne et du Conseil de l’UE. Or, à ce stade, les nationaux-populistes y sont peu représentés, voire pas du tout. Ils sont seuls, seuls mais acceptés.

L’acceptation et la banalisation de leurs idées à travers toute l’Europe n’est qu’une étape. Elles sont passées de l’impensable au radical puis du radical à l’acceptable. Aujourd’hui, elles sont en passe de passer de l’acceptable au raisonnable.

 

Les erreurs du passé s’oublient, les livres d’Histoire se ferment et les idées de l’Extrême Droite suivent le cours de la Fenêtre d’Overton…


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Article rédigé par Alexandra Pino